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Tour d'Angleterre en tandem - été 2010


Jour 10 – Lundi 19 juillet : Peterlee -> Alnwick


COMPTEUR
DST : 101.00 km
TPS : 5h20
MOY : 18.88 km/h
MAX : 61.63 km/h
TOT : 656.17 km
Sous le signe de la pluie

La mer Au réveil il pleuviote mais rien d’insurmontable. On part d’ailleurs sans poncho, et en effet au bout de quelques minutes on retire les pantalons, surchaussures puis les coupe-vent. On commence la traversée un peu complexe de la mégalopole Sunderland-Newcastle Upon Tyne-South Shields-… Qui dit ville dit beaucoup de temps passé aux feux, à faire 2 tours de rond-point pour trouver la bonne sortie, d’erreurs de trajet… c’est aussi une conduite plus concentrée qui ne supporte pas trop les erreurs étant donné le nombre de voitures et leur habitude de doubler très serré, donc un peu moins agréable même si c’est aussi l’occasion de voir des paysages différents, de profiter de l’architecture des villes…
Le relief continue aussi à être étonnamment marqué pour une côte, on ne s’y attendait pas trop.
Alors qu’on s’embranche comme une fleur pour prendre la voie voiture du tunnel sous la Tyne on se fait refuser l’accès par 2 agents de sécurité. Les vélos c’est plus loin avec les piétons. Le coin est en pleins travaux et trouver l’entrée piétons est déjà un exploit. Là où c’est plus fun c’est que pour descendre il y a un escalator en panne… normalement complété par un ascenseur mais là il ne marche pas. Sinon il y a un service de transport gratuit qui vient prendre votre vélo, poussette ou ce que vous voulez sur place et vous l’apporte de l’autre côté… mais pas en ce moment.
Imaginez donc l’équivalent de descendre 4/5 étages dans un escalier étroit de 60cm de large avec des marchez bien hautes et avec un tandem chargé + une remorque. Chic chic chic un peu de sport ! Heureusement un autre cycliste arrive derrière nous, il laisse son vélo pour descendre notre remorque pendant qu’on se débat à deux avec le tandem. Epique.
Ensuite un long couloir bien glauque, néons verdâtres, carrelage humide, tunnel à perte de vue : parfait pour y tourner des films où s’en inspirer pour faire les décors d’un jeu vidéo. A l’autre bout l’ascenseur fonctionne et on arrive à y caser le tandem en diagonale, une roue au plafond. Il ne reste pas 5 cm de marge, sinon ça ne rentrait pas.
Une fois de plus j’ai envie d’insister sur le fait qu’on peut aussi considérer le vélo comme un moyen de transport, pas simplement un accessoire de balade.
La majorité des pistes et aménagements cyclables (en Angleterre comme en France) sont pensées comme des extensions de la vie piétonne : en Angleterre c’est flagrant : souvent il y a un grand trottoir avec un panneau bleu piétons + vélos. Parfois une ligne sépare les deux et zig zag autour des lampadaires, abris bus… Personne n’a pensé qu’on pouvait utiliser le vélo pour aller d’un point A à un point B (ne serait-ce que pour faire 5 km) ce qui impliquerait la prise en compte du fait que oui on est sur le vélo du début à la fin, donc on n’est pas équipé pour sauter une bordure en granit de 14 cm, on a besoin d’une solution quand la piste s’arrête et qu’on est du mauvais côté de la route… Je préfère de loin une voie voiture très large que des aménagements à la con, complexes et encore plus dangereux que s’il n’y avait rien du tout (trop d’intersections mal définies, de pistes qui traversent des sorties de garages tous les 30 mètres…). Dans le cas du tunnel, on aurait été beaucoup mieux à passer avec les voitures, ça aurait été réglé en 5 minutes sans encombre plutôt que l’épisode qu’on vient de vivre. Il y a encore énormément de travail à faire pour atteindre le niveau de la Belgique ou des Pays-Bas, et l’Angleterre semble beaucoup plus le royaume de la voiture que celui du vélo. Peut-être une histoire de météo.


Entrée du merdier ! Avec un vélo simple c'est déjà compliqué, imaginez un tandem + une remorque, le tout chargé à bloc !

Descente aux enfers Bref, de retour au soleil la bataille n’est pas gagnée : on est toujours en pleine agglomération. On avance donc petit à petit jusqu’à midi où on se pose à côté d’une piscine dans un petit jardin.
On peut se faire une vraie sieste malgré la pluie qui repointe son nez. On repart donc vers 14h avec pas mal de km à faire pour rejoindre le camping le plus proche indiqué sur la carte. En fait la pluie joue à cache cache sur l’intensité mais ne s’arrête jamais vraiment. Vers Morpeth la pluie prend son rythme de croisière : poncho, pantalon, surchaussures, on a la totale. On s’embranche sur l’A1 : une grosse départementale, seule route disponible et bien trop fréquentée par les voitures pour que les vélos s’y sentent les bienvenus. C’est néanmoins autorisé. On repense à notre escapade sur l’autoroute à la sortie de Lyon l’an dernier, c’était vachement moins dangereux car il y avait la bande d’arrêt d’urgence. Là ils ont tendance à prévoir des bas côté bourrés de grilles d’égouts (faut bien évacuer la pluie) et de petits plots réfléchissants assez pénibles. Avec le trafic il faut pourtant qu’on roule super à gauche, là où justement toute l’eau s’accumule et c’est partie pour la grande infiltration par les chaussures. On ne sait plus trop de la sueur ou des imbibations qui nous mouille mais le résultat est le même : soaking wet, trempés jusqu’aux os. On atteint enfin Swarland, lieu du camping. Il est déjà 18h, il est plus que temps de se poser. Arrivés au centre pas de trace du camping. On croise alors Dave qui fait du VTT sous la pluie pour le fun (et en T-shirt). Il nous prend en charge et nous accompagne vers le seul endroit qu’il connaisse où il y a des caravanes. Manque de bol c’est un golf club avec un certain standing : mobil-homes fixes et pas de tentes. Le gérant ne veut pas prendre de risque, il sait que s’il nous accepte il va avoir ses clients sur le dos, il est néanmoins super sympa et passe quelques coups de fil pour voir où on pourrait planter la tente. Il nous trouve un club de rugby qui hors saison fait office de mini camping. Ah oui, petit détail, c’est encore à 9.5 km de distance. OK c’est dans la direction qui nous arrange, on n’aura pas besoin de revenir en arrière mais il faut qu’on reprenne notre route maudite, ça monte, on est plus que morts et rincés dans tous les sens du terme… et il pleut toujours. On repart donc sur l’A1, on speede autant qu’on peut et alors que ça devait être super simple on ne finit que difficilement par trouver le stade.

Ladie's rooms Notre camping de ce soir Personne, juste un campeur qui nous dit qu’il n’y a pas de problème. On monte rapidos la tente et direction la douche chaude. Les « ladies rooms » sont très bien, rien que pour nous. On met un peu nos affaires à sécher sur le radiateur (qui chauffe un peu, oui oui, mi-juillet) et on squatte des mètres de papier absorbant pour remplir les chaussures. Car si on a des vêtements secs qui nous attendent, par contre pas de seconde paire de chaussure… à réfléchir pour le futur.
Il est plus que tard. A 21h on n’a même pas diné alors que d’habitude on se couche, donc demain grasse mat’.